Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or.

Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : "Souviens-toi" !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Garde tes songes ; Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous !

O douleur ! O douleur ! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !

Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Qu'est-ce que Dieu fait donc de ce flot d'anathèmes Qui monte tous les jours vers ses chers Séraphins ?

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !